La maison. Partie 12.

Nous nous dirigeons à nouveau vers l'accueil, ou nous expliquons notre cas. Nous demandons à voir Gabrielle, mais elle est placée dans un service de soins intensifs ou nous ne pouvons aller qu'un par un ... Romain y va en premier. Je retourne m'installer à la cafétéria, Je prends mon café au lait, sucré. Et un magazine people, en espérant me divertir suffisamment pour pouvoir oublier quelques instants toute la merde qui me tombe dessus en ce moment. Mais finalement, voir des filles bien foutues et manifestement désœuvrées bien que fortunées m'à plus déprimée qu'autre chose.

Dur de s'identifier, mais j'aurais essayé. Cela aura au moins permis de passer une demi heure, le temps que Romain revienne.

Sa tête n'était vraiment pas celle des bons jours...

Il ne l'avait pas vu la veille. Il n'avait pas pu réaliser l’ampleur des dégâts que Gabrielle avait subi. Il était donc choqué par ce qu'il venait de voir. Comme je le comprenait !! Il se commanda également un café.

Ce fut le moment que choisis le médecin pour m'appeler. Je lui dit que nous étions sur place, et il proposa de nous recevoir 10 minutes plus tard. Nous avons bien évidemment accepté.

Dans son bureau, il en vint vite aux faits. L'état de Gabrielle était stationnaire, elle ne pouvait respirer sans la machine, et plus longtemps elle restait dans cette état, moins elle avait de chances de s'en sortir indemne.

Ces paroles étaient tellement dures à entendre !

Je savais, et Romain aussi que ma sœur avait toujours refusé de vivre sous assistance médicale. Nous l'avons dit au médecin, qui nous répondit que médicalement, ils laissaient 48 heures au patient pour se réveiller de lui même, et qu'ensuite seulement, si besoin, nous aurions une décision à prendre. Nous devions donc commencer à en parler.

Parler du choix de tuer sa femme, sa soeur. De la laisser mourir ? Comment pouvait on nous demander un tel choix ? Qu'attendait on vraiment de notre réponse ? J'étais perdue. Je ne réussis pas à l'exprimer. J'aurais aimé que le corps médical nous dise clairement que Gabrielle était morte, mais pas physiquement, pas totalement. Là, je ne savais pas si je risquais de détruire une chance qu'elle revienne ...

Et puis Romain posa une question à laquelle je ne m'attendais pas du tout.

"Mais Docteur, pourriez-vous me dire ... Quel était le sexe du bébé... Je voudrais qu'il ai un enterrement... Je voudrais savoir... On peut à un tel age ?

C'était une fille ... Ça aurait du être une fille ..."

Je vis les yeux de Romain s'emplir de larmes ...

"Rose... C'était Rose ...."

Il releva les yeux, subitement plein d'assurance.

"Si elle doit mourir, elle retrouvera Rose. Si elle ne se réveille pas au moment que vous considérez comme opportun, débranchez la. Mais je veux être là si elle doit partir. Désolée Céline. Je sait que c'est son choix.

Je le sait aussi. Je n'aurais pas pu prendre cette décision. Tu dois l'aimer plus que moi, pour la laisser partir comme elle l'aurait voulu. Je l'aurait gardée, égoïstement. "

Le médecin aquiesca. Il nous promis de nous rappeler si besoin, et dans tous les cas de nous prévenir si la situation évoluait, pour que nous soyons présents, comme nous le voulions.

Il ne nous restait plus qu'à nous préparer à inéluctable. Je prévins Bastien par un coup de téléphone. Nous allions rester là jusqu'au lendemain.

Bien évidement, il nous rejoins,avec à l'épaule un sac rempli de vêtements, couvertures, livres et petits gateaux. Il avait même pensé au thermos de café et à mes cigarettes.... Je vous ai dit que j'aimais vraiment cet homme ?